Njinga, reine d’Angola. La relation d’Antonio Cavazzi de Montecuccolo (1687)
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EPUISÉ, parfois un ex. d’occasion ! : voir l'édition de poche
Col. Magellane n° 44 - 416 p., 2010, 32 p. couleurs, 40 cartes & gravures.
L’histoire de la reine Njinga – ou Nzinga – (1582-1663), retombée de nos jours dans l’oubli, est pourtant un des épisodes les plus étonnants de l’histoire africaine.
Elle était née en 1582, deux ans après l’unification de l’Espagne et du Portugal (1580-1640), à peine six après la fondation de la colonie portugaise de Luanda (1576). Son frère – roi du Ndongo (Angola) – tua son fils unique, avant de mourir lui-même, sans doute empoisonné par sa sœur. Elle se vengea ensuite sur son neveu, qu’elle fit égorger, et devint reine en 1624 à la tête des Imbangala (Jaga), une secte militaire nomade qui ravageait le pays, gouvernée par des lois d’une violence et d’une cruauté terrifiantes, et dont elle adopta les pratiques.
Menant elle-même ses troupes au combat, elle entretint pendant trente ans une guerre contre les Portugais. Elle remporta quelques victoires, notamment lors de l’occupation néerlandaise de Luanda (1641-1648), mais après une série de revers, accepta la paix et, par calcul davantage que par conviction, de se convertir elle et son peuple.
Deux confesseurs de l’ordre des capucins, Gaeta et Cavazzi, se succédèrent pour la confesser, ce qui fut long car elle dut obtenir le pardon de ses crimes, qui étaient aussi nombreux qu’atroces. Elle mourut à 81 ans, presque en odeur de sainteté, avant que le rejet de la greffe chrétienne et les guerres ne replongent le pays dans le chaos.
Publié en 1687, le récit du second, ici traduit, nous plonge « au cœur des ténèbres », en compagnie d’une femme intelligente, impitoyable, sexuellement dominatrice (elles s’entouraient de jeunes esclaves sexuels qu’elles punissaient de mort à la moindre infidélité), mais dont le caractère et les actes le fascinent. S’il accentue en effet, presque avec ferveur, la cruauté et l’immoralité de la reine, c’est pour donner ensuite davantage de relief au « miracle de sa conversion » de celle qui incarna la force antichrétienne la plus démoniaque d’Afrique. En écrivant, il pense profondément qu’il lui a été donné d’assister à un des plus extraordinaires phénomènes de rédemption de l’histoire des missions chrétiennes, arrachant la criminelle la plus endurcie des ?ammes et de l’Enfer et la guidant tel Orphée vers le salut..
Le témoignage de Cavazzi est exceptionnel, car l’homme est aussi attentif aux détails des pratiques de la vie quotidienne qu’à ceux des « cultes diaboliques » que les autres missionnaires répugnent même à évoquer. Par ses descriptions, et aussi par ses dessins – retrouvés récemment avec son manuscrit original –, Cavazzi livre non seulement un récit littéraire et historique d’une grande force, mais aussi un incomparable document ethnographique sur l’Afrique centrale au XVIIe siècle.
Mieux qu’un roman, la relation présentée ici, accompagnée des gravures de la première édition et de l’ensemble des dessins du manuscrit, fait revivre un des personnages les plus extraordinaires de l’histoire africaine.
John Thornton & Linda Heywood, enseignants à la Boston University, comptent parmi les meilleurs spécialistes de l‘Afrique centrale au XVIIe siècle, notamment de l’Angola et de la reine Njinga sur laquelle il travaille depuis 30 ans. – Alix du Cheyron d’Abzac, italianiste, a déjà traduit La mission au Kongo chez le même éditeur. – Xavier de Castro est le pseudonyme de Michel Chandeigne, qui a notammé dirigé le Voyage de Magellan et une dizaine de livres de la collection Magellane.