Le gardeur de troupeaux & autres poèmes d’Alberto Caeiro et d’Álvaro de Campos
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Choix de poèmes.
«À l'avant d'une modernité dont ce siècle à son déclin se réclame avec superbe, se dresse un homme qui fut obscur, effacé, inconnu de sa concierge, riche d'humour et rayonnant lorsque son miroir intérieur lui renvoyait son reflet futur.
"Je ne suis rien", ce n'est pas une parole contrite du saint homme Job, mais un rappel de ce nada ibérique qui est au principe de l'être et à sa terminaison. Trois vers après cette affirmation du néant, survient cette antithèse éclatante : "Je porte en moi tous les rêves du monde" : un feu d'artifice cosmique.
"Les poètes n'ont pas de biographie ; leur œuvre est leur biographie." Certes, Octavio Paz, la formule serait irréfutable si une œuvre au pluriel n'impliquait des poètes multiples. Pessoa, le nôtre puisqu'il est à tous, est un nom qui dans sa langue se traduit par personne – non le nemo latin qui gomme toute identité, mais persona dans l'acception de "masque" ; en ce cas, le verbe apocalyptique qui débouche sur l'énigme, sur l'ambiguïté, sur la supercherie ludique.»
Armand Guibert.