Colloques des simples et des drogues de l’Inde

Auteur :
Traduction : Sylvie Messinger Ramos, António Ramos, Françoise Marchand-Sauvagnargues
Editeur : Actes Sud
Nombre de pages : 738
Date de parution : 2004
Langue : français
ISBN : 9782742747702
Prix :

30,00

2 en stock

Description :

Lorsque le livre de Garcia da Orta est imprimé à Goa, en 1563, la capitale de la vice-royauté du Portugal est encore la «cité dorée» décrite par les chroniqueurs et les voyageurs de toutes sortes qui, depuis sa conquête par Afonso de Albuquerque en 1510, viennent y chercher gloire, richesse et refuge aussi, pour certains.[...]
Physicien du roi en 1521, exerçant durant cinq ans à Castelo de Vide, proche de la frontière espagnole où s'étaient établis de nombreux nouveaux chrétiens comme lui, la carrière et la vie de Garcia da Orta sont transformées lorsque, après quelques années passées à Lisbonne, il embarque en 1534 comme médecin personnel du nouveau capitão-mor (amiral) des mers de l'Inde, Martim Afonso de Sousa, son protecteur. A ses côtés, suivant ses campagnes militaires et diplomatiques jusqu'en 1538, Garcia da Orta découvre un monde encore très peu exploré, une société de colonisateurs culturellement moins développée, mais une partie du monde riche en produits appréciés et recherchés en Europe et au Proche-Orient : drogues, épices, pierres précieuses. Riche de son savoir, il le confronte - sans craindre de les critiquer - à celui des praticiens indiens mais surtout à celui des Maures et des Persans qui entourent Bahâdur Chah, le roi du Deccan devenu son ami et son patient.
Installé à Goa après le départ de Sousa, le médecin portugais poursuit ses recherches, ne croyant que ce qu'il voit ou ce que lui rapportent des «personnes dignes de foi». Disposant d'un jardin et d'un laboratoire en ville, disposant également de l'île de Bombay où il fait cultiver, entre autres, des manguiers, il appartient à l'Inde du XVIe siècle et son livre – plein d’humeur et d’humour – est le résultat de trente années d'études et d'observations non seulement des simples, des drogues et des matières médicinales de la région, mais également des différentes pratiques et de leurs effets comparés avec ceux obtenus suivant les préceptes anciens.
Médecin des grands personnages - Martim Afonso de Sousa revient comme gouverneur de 1542 à 1546 - et des petites gens, des Portugais, des métis casados et des Gentils, Garcia da Orta a, comme tous les physiciens de l'époque, été formé à la philosophie, et il ne manque pas de juger en philosophe les moeurs de la région : celles des fidalgos si portés sur la luxure, des banians qui s'interdisent d'attenter à toute vie et qui entretiennent un hôpital où ils soignent les oiseaux, des marchands tellement âpres au profit qu'ils ne se soucient guère de connaître les plantes dont ils tirent épices ou parfums, des négresses de sa maison qui consomment l'opium et se gavent de bétel, et jusqu'au comportement des éléphants, animaux fort admirables...

« Il s'agit ici d'un livre de vie, peut-être même de philosophie, qui se lit comme un long dialogue socratique dans lequel le philosophe aurait laissé la place à une sorte de phytothérapeute universel. [...].... L'ouvrage, considéré comme le premier livre en médecine tropicale et en pharmacologie, se présente sous la forme de dialogues entre le docteur Ruano, venu en Inde pour connaître les «drogues médicinales», et Orta, qui s'engage à lui dire le vrai sur ce sujet. On suppose que le docteur Ruano n'existe que pour des conventions littéraires. Il est là pour relancer la conversation, prévenir les interrogations du lecteur et, le cas échéant, flatter le maître pharmacien. Ainsi, au long de ces cinquante-huit conversations, Garcia Da Orta fait défiler devant son lecteur tous les trésors des Indes... ce traité demeure toujours passionnant dans sa façon de présenter les propriétés de certaines plantes, d'en raconter l'usage. Par sa manière de considérer la nature, il s'agit moins d'un traité des excitants d'hier que d'une sorte de posologie du monde, où l'on indique le bon dosage de la vie. (Laurent Lemire, Le Nouvel Observateur)