Celui de la géographe Martine Droulers, Brésil : une Géohistoire, est remarquable. À la fois synthèse et réorganisation originale de l’état actuel des connaissances, le livre témoigne de la vigueur de la recherche franco-brésilienne et d’un esprit fort astucieux qui maîtrise les données et la méthode, qui brasse la diachronie et la synchronie, la statistique et le culturel, pour proposer une vision cohérente, des dynamiques, des axes interprétatifs de la formation d’une nation dont l’un des présupposés est qu’elle n’aurait fait que développer un dessein originel déjà fort précurseur de ses contours actuels. À territoire précocément esquissé et relativement stable (même s’il faudra quelques siècles pour que la diplomatie en affermisse les frontières), identité tardive et incertaine? Telle pourrait se formuler une autre hypothèse d’où se déduit le passage d’une «géophagie» à une «géosophie»… Voilà de brefs aperçus d’un travail évidemment nourri d’une riche cartographie et qu’on sent déjà très fécond (Presses universitaires de France, coll. Géographies, 307 p.).