Leila Christina Dias est spécialiste de géographie économique et urbaine, et enseigne à l’Université fédérale de Santa Catarina. Cécile Raud, une économiste diplômée de l’Essec, est actuellement professeur dans la même institution de Florianópolis. Elles ont dirigé un remarquable ouvrage, Villes et régions au Brésil,  dont l’ambition, présentée par Paul Claval, est d’introduire à une bibliographie actualisée sur le Brésil, en période de restructurations productives (sur fond de mondialisation) et de revalorisation de la dimension spatiale. Les douze articles qui se succèdent, organisés en trois parties — le territoire et l’urbanisation, l’échelle urbaine et les dynamiques régionales —, et qui font appel à des chercheurs français et brésiliens, finissent par offrir un portrait vivant d’un pays en pleine mutation. Quelle est la part de l’histoire? De quelle marge disposent les régions? Avec beaucoup de finesse et de pertinence, tableaux, cartes et chiffres à l’appui, la plupart des auteurs renouvellent notre regard sur le rôle de l’activité touristique, le secteur immobilier à São Paulo, le rapport entre favelas et «condomínios fechados», l’urbanisation et le marché du travail en Amazonie… En dépit de thématiques parfois très pointues,  ce livre est à son niveau sans conteste une réussite et livre sa part d’analyse pour savoir de quoi demain sera fait, comme le suggère le préfacier: «On a trop tendance à penser, en France, qu’il suffit de regarder ce qui se passe aux États-Unis pour avoir une idée de ce que sera le futur européen. C’est oublier que la modernisation contemporaine concerne l’ensemble du monde (…). Le Brésil urbain constitue un gigantesque laboratoire social où se créent des formes d’inégalités, d’exclusion et de division de l’espace que nous connaîtrons peut-être un jour: on ne saurait donc être indifférent à ce qui se passe au sein de la plus grande puissance du monde latin.» (L’Harmattan, 215 p.).