Ce texte n’est evidemment absolument pas un conte traditionnel mais il prend vite l’allure d’un bon vieux conte de mensonge et c’est la raison pour laquelle il se retrouve dans cette rubrique! Ce qui frappe d’abord c’est l’aspect charmant du petit livre de format carré, la poésie de l’illustration de couverture, la qualité du papier, de la typographie et enfin et SURTOUT la délicatesse, la finesse et la drôlerie de l’illustration qui court cà et là comme une petite musique fredonnée. A tel point qu’on hésite presque à le lire tant le simple plaisir de le regarder est grand. On craindrait presque d’être déçu: l’histoire, au début, n’est pas toute simple par le dépaysement qu’elle procure. Mais petit à petit, on ne s’étonne plus de rien et les propositions les plus incongrues nous paraissent aller de soi. Et voilà, sans presque s’en rendre compte, on embarque dans ce monstrueux bateau qui fit déborder la mer quand on le mit à l’eau, un bateau qui a "trois mâts entre lesquels la distance était si grande qu’il fallait vingt-quatre heures à un corbeau pour voler d’une pointe de mât à une autre". Philippe Dumas, malicieux et pensif, s’en est donné à cœur joie. Offrons ce livre à tous, lisons-le aussi à haute voix. C’est un pur délice.