Alexander Burnes esquisse la figure de l’expert qui connaît à fond son terrain et dont les recommandations ne sont pas suivies par les politiques et les militaires. Ce qui conduit au désastre. Notre personnage aura une fin atroce dans le cadre de la première défaite que connaîtra une armée occidentale en Afghanistan.
En effet, en 1842, le corps expéditionnaire britannique a été intégralement massacré. Ces événements donneront à ce pays la réputation d’être imprenable. Sur les mêmes lieux, au XXe siècle, dans un contexte géopolitique très différent, les Soviétiques, bien que disposant d’une toute autre technologie militaire, connaîtront à leur tour une terrible défaite.
En notre siècle, les USA et l’Otan sont en train d’aller vers le même sort.
A partir de l’expérience relatée par Burnes, nous dégageons une structure anthropologique qui détermine l’histoire et la politique. Ici règne un patriarcat qui amoindrit les femmes. Il se manifeste au sein d’un ordre tribal farouche, pourvoyeur de combattants de la foi dont l’hubris ne peut être apprivoisée que par un pouvoir politique qui a les moyens financiers d’acheter leur paix. Or ce pouvoir ne peut disposer de cette manne que par l’apport d’une puissance étrangère qui doit être assez adroite pour choisir le personnage adéquat, lequel ne devrait pas paraître aux yeux des tribus comme l’agent de l’étranger mais comme le défenseur irréductible de la foi.
Pour éclairer ces multiples nuances, le rôle de l’expert est central. Encore faut-il qu’il soit entendu par ceux qui disposent de la décision.
(texte : France Culture)
http://www.franceculture.fr/emission-cultures-d-islam-burnes-a-kaboul-1836-1838-2013-04-19