Mia Couto / Et si Obama était africain
C’est un écrivain mozambicain de 55 ans, célèbre pour savoir capter la poésie des langues vernaculaires africaines, qui vient ici dire le sens de l’élection de M. Barack Obama. Avec le recul nécessaire, Mia Couto – qui est aussi biologiste – l’analyse froidement : «Soyons clairs, écrit-il, Obama est noir aux États Unis. En Afrique il est mulâtre. Si Obama était africain, on lui jetterait sa race au visage…» En placant les Africains devant leurs propres contradicions, l’auteur tente de réveiller des consciences confuses et « alambiquées ».
Son pamphlet, car c’en est un, est un réquisitoire court mais trapu contre les lâches et les cyniques qui gouvernent le continent. Une sorte de plaidoyer pour nourrir l’espoir que tout est encore possible. L’écrivain nous gratifie en conclusion de son opuscule d’un petit éloge de la lusophonie. Manière de dire aux anglophones comme aux francophones qu’ils feraient bien d’aller rendre viste aux autres.
JEAN-MICHEL DJIAN