Nouvelle d’enfance, portrait sur la méchanceté des chenapans quand ils se mesurent les uns aux autres. Ne voulant lui-même euthanasier un clébard mal en point, un vétérinaire exploite l’intérêt des garçons pour les armes… Bel petit ouvrage illustré en quadrichromie.

 

Cette nouvelle illustre bien la versatilité et la méchanceté des garçons quand ils jouent aux héros, les uns n’hésitant pas à se moquer des copains affichant quelque sensibilité ou scrupules. Ainsi, l’amour proverbial qu’ont la plupart des enfants pour les animaux peut être balayé d’un revers de main par une simple invocation au courage. Le Chien Teigneux, dont tous s’étaient pris d’affection en dépit de sa décrépitude, n’en mène soudain pas large :

 

« Le Chien Teigneux me fixait. Ses yeux bleus ne brillaient pas, mais ils étaient immenses et pleins de larmes qui coulaient le long de son museau. Ils faisaient peur, ces yeux, si grands, qui regardaient comme quelqu’un qui demanderait quelque chose sans vouloir le dire. Quand maintenant je le regardais au fond des yeux, je sentais un poids beaucoup plus grand que quand je tenais la corde qui tremblait d’être si tendue, avec les os qui voulaient se sauver de ma main et les gémissements qui sortaient, noyés dans la bouche fermée.

J’avais une terrible envie de pleurer mais je ne pouvais pas le faire devant tous les autres qui me regardaient (p.63) ».

 

Ce texte vaut aussi par sa (brève) description de l’insouciance, et même de l’inconscience, adulte : c’est monsieur Duarte qui leur remet l’arme entre leurs mains, tout en se dédouanant avec quelques recommandations générales. Publié en 1964, les lignes révèlent ici et là un parfum du passé colonial du Mozambique : allusion à la ville Lourenço Marques ( l’actuelle Maputo ), et surtout le jeu entre les enfants, entre Dinho le petit Africain à qui incombe finalement la sale besogne, et les autres enfants des colons portugais…

 

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