Elle a beau savoir attendre son heure, la Mort doit parfois s’armer de patience. Jeunes, vieux, riches, pauvres, même combat : les héros de ces quatre contes ont décidé de lui faire la nique. Le lecteur la plaindrait presque, la Faucheuse, même si c’est elle qui finit toujours par avoir le dernier mot. Les illustrations un peu naïves la montrent en veuve sicilienne courbée sur sa canne, le teint blafard mais l’oeil vif – une expressivité dont sont dotés tous les personnages et que renforcent les surprises réservées par la mise en page. Ces textes «puisés dans un vieux fonds tant européen que brésilien» (information dont les curieux devront se contenter) emportent lecteurs et auditeurs dans la tradition lusophone.

Pour la première fois en France, les éditions Chandeigne – dont c’est une spécialité – ont fait traduire, et de belle façon, un des nombreux receuils de contes publiés par le folkloriste sud-américain Ricardo Azevedo. Tantôt facétieux, tantôt poétiques, ces récits traditionnels ont la sagesse de mettre à distance une question que se posent adultes et enfants. Au fond, parler de la fin de la vie, ce n’est pas la mort… quand c’est fait avec autant d’humour.