Dans le port de Séville, le 19 août 1519, cinq navires emportent à leur bord 237 marins. Destination: les iles Moluques, particulièrement recherchées pour leurs épices. Chef d’expédition: Fernand de Magellan, navigateur portugais tombé en disgrâce auprès de la cour de son pays et qui devint le conquistador de Charles Quint. Cherchant à ouvrir une route par l’ouest et à trouver un passage au sud de l’Amérique latine, il découvre le détroit qui portera dorénavant son nom. Mais Magellan sera tué par une flèche empoisonnée aux Philippines en 1521. Seuls trente-cinq hommes de l’équipage reviendront vivants de ce premier tour du monde à bord du Victoria. Pour les amoureux d’érudition et de malles au trésor, de bruits de cordage et de frissons d’abordage, de mutineries, d’anthropologie et de cartographie, Le Voyage de Magellan (1519-1522) est une félicité. Composé du journal de bord du jeune Italien Antonio Pigafetta et d’autres témoignages, cet ouvrage savant offre la rigueur des sources sans toutefois altérer le plaisir de revivre, ce que l’écrivain Stefan Zweig appelait “la plus magnifique odyssée, peut-être, de l’histoire de l’humanité». Cela dit, l’éditeur a raison de rappeler que Magellan, «n’a pas voulu prouver que la Terre était ronde – connaissance acquise depuis les Grecs -, mais il a montré qu’elle était circumnavigable», c’est-à-dire qu’on pouvait en faire le tour. Cartes originales et détaillées de l’itinéraire, magnifiques reproductions des globes de Johannes Schôner et autres planisphères d’époque nous plongent dans une épopée extraordinaire, que cette édition replace dans toute sa dimension littéraire.

Nicolas Truong