Ce livre extraordinaire, c’est Le Naufrage du Terschelling (sur les côtes du Bengale en 1661), Chandeigne éditeur : on pourrait le conseiller comme manuel de survie à tous les aventureux. Encore faudrait-il savoir si les citadins dégénérés du XXe siècle seraient capables d’endurer le régime de ces robustes marins hollandais. Embarqué sur des radeaux de fortune, l’équipage disparut dans la tempête à l’exception de trente hommes menés par un capitaine herculéen. Échoués sur un îlot désert, ils ont tenu trente jours sans une goutte d’eau potable et en se nourrissant de n’importe quoi, même l’immangeable : feuilles d’arbre, quelques bigorneaux, des crapauds, deux, trois serpents, et bientôt une vieille charogne de buffle dont ils s’étaient détournés, tant elle puait, et qu’ils vont bientôt disputer aux vers jusqu’aux entrailles et au cuir. Ils ouvrent une tombe mais il ne reste rien de l’homme enterré là. Ils capturent une vieille indigène venue avec des pêcheurs et décident de la manger à la nuit (bien qu’elle n’ait plus que la peau et les os) : la vieille futée s’échappe à temps. On va jusqu’à ramasser les bouses de vache qui flottent à la surface de la mer. Je ne vous dis pas le nombre de coliques et d’empoisonnements auxquels ils survivent. Finalement, ces zombies squelettiques qui chlinguent effroyablement vont être sauvés par des pêcheurs qui surmontent leur frayeur.