Une tristesse infinie

Au lendemain de la deuxième guerre mondiale, Nicolas, un jeune psychiatre français, accepte un poste en Suisse dans une clinique connue pour ses méthodes et traitements humains. Il s’installe dans un village de montagne isolé avec sa femme Anna. Celle-ci n’est pas heureuse, la vie urbaine lui manque, tandis que Nicolas se jette à corps perdu dans le travail. Réticent à recourir aux électrochocs, il pratique avec passion la thérapie par la parole, permettant à ses patients de révéler leurs traumas, sou- vent liés à la guerre. Peu à peu, le médecin se retrouve lui-même en proie à une triple crise : d’identité, de couple et de vocation. Confronté à son propre passé, devant faire face au délitement de son couple, il va également se heurter à un bouleversement majeur pour sa profession. Un nouveau médicament, le premier antipsychotique, semble en effet faire ses preuves dans le traitement de certains pathologies mentales, et remettre en cause sa pratique et ses croyances.

L’auteur offre un roman historique et psychologique, traversé par la question de la culpabilité et du mal, qui impressionne tant sur le fond que sur la forme. Nous sommes interrogés : est-il possible d’être heureux malgré la souffrance ? La construction de l’intrigue, alternant les séances de Nicolas avec ses patients, et scènes de la sphère privée créé une tension narrative très maîtrisée. Un tour de force.