Sermon du bon larron
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Les voleurs ne sont pas seulement ceux qui arrachent les bourses, ou épient les baigneurs pour leur prendre leurs vêtements. Les voleurs qui méritent plus proprement et plus dignement ce titre sont ceux à qui les rois confient leurs armées et leurs légions, le gouvernement des provinces ou l’administration des villes, ceux qui, par la ruse ou par la force, volent et dépouillent les peuples. Certains voleurs volent un homme, ceux-ci volent des villes et des royaumes ; ceux-là dérobent à leurs risques et périls, ceux-ci sans crainte ni danger ; ceux-là, s’ils volent, sont pendus, ceux-ci volent et pendent.” Antonio Vieira (1608-1697) était considéré par Pessoa comme “le plus grand artiste de la langue portugaise”. Tour à tour prédicateur et conseiller politique, ambassadeur à travers l’Europe et missionnaire aux confins du Brésil, Vieira n’aura eu de cesse de défendre la liberté des Indiens et de critiquer la Sainte Inquisition. Son oeuvre comprend des centaines de sermons et de lettres, des traités théologiques et politiques, ainsi que de grands textes prophétiques. Prêché par Vieira en 1655, ce sermon prend comme point de départ la figure du Bon Larron, pauvre voleur que le Christ emmena avec lui au Paradis. Vieira oppose celui-ci à ceux qui sont à ses yeux les véritables malfaiteurs : les puissants, et notamment les hommes politiques corrompus, qui détournent les fonds publics, ruinant ainsi le royaume et faisant le malheur des populations. Un texte aux résonances éminemment contemporaines, écrit dans une langue somptueuse.
Traduit du portugais, présenté et annoté par Guida Marquès.
Suivi de Quatre vies, un destin, par Alberto Zanon.