Ode maritime: poème d’ Alvaro de Campos
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Seul, sur le quai désert, en ce matin d’été,
Je regarde du côté de la barre, je regarde l’Indéfini,
Je regarde et j’ai plaisir à voir,
Petit, noir et clair, un paquebot qui entre.
Il apparaît au loin, net, classique à sa façon.
Dans l’air lointain il laisse derrière lui l’ourlet futile de sa fumée.
Il entre, le matin entre avec lui, et sur le fleuve,
Ici, là, s’éveille la vie maritime,
Se hissent des voiles, avancent des remorqueurs,
Surgissent de petites barques d’entre les navires du port.
Il y a comme une brise.
Mais mon âme est avec ce que je vois le moins,
Avec le paquebot qui entre,
Parce qu’il est avec la Distance, avec le Matin,
Avec le sens maritime de cette Heure,
Avec la douceur douloureuse qui monte en moi comme une nausée,
Comme un début de mal de mer, mais dans l’esprit.