Nous avons des pierres nous aussi
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L’Iliade, peut-être plus que la Bible, est le socle de la littérature — non, de la culture — occidentale.
Avec les vingt-neuf poèmes de Nous avons des pierres nous aussi, Luiza Romão démonte Troie une pierre après l’autre, un héros après l’autre, et restitue ce qui
est pourtant si clair quand on regarde l’Occident depuis l’autre côté de l’océan. Tout est violence dans l’Iliade. Violence contre la femme, la terre, la cité, la vie. La source de la culture occidentale est contaminée et l’est depuis le début.
Nous avons des pierres nous aussi est comme un cimetière, un Spoon River des non-anonymes. Chaque personnage — Hélène, Achille, Priam, Pâris, Cassandre… — y a son chant tel une pierre tombale, un épitaphe à la deuxième personne. Chaque poème est une prophétie qui parle du présent en regardant le passé.
L’histoire contemporaine se mêle à la mythologie, la périphérie du monde reprends droits sur un prétendu centre et le phrasé brisé mais batailleur du slam dépolit l’histoire ancienne de ses patines.
Tout comme les épopées, le slam est une action collective et publique. Ils portent en eux une graine belliqueuse. L’amphithéâtre des unes n’est pas si différent des scènes de l’autre. Pourtant, le slam troque le patriotisme pour l’engagement — et il fallait bien le second pour désarmer le premier.