La cité de Dieu (poche)
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« Si vous avez entre les mains La Cité de Dieu, allez d’abord à la fin du livre : les remerciements. Paulo Lins y explique que “Ce roman est basé sur des faits réels. Une partie des éléments utilisés provient des interviews réalisées pour le projet Crime et criminalité dans les classes populaires, conduit par l’anthropologue Alba Zaluar, et d’articles parus dans les journaux (…)”. Le travail formel de la fiction, à ne pas négliger, s’inscrit donc dans cette perspective néonaturaliste annoncée, d’où une sorte d’effet “assommoir” ou “germinal”, au choix (et selon la portée à venir du livre), où la méthode sociologique se substitue à l’expérience de Claude Bernard. Ajoutez la quatrième de couverture : Paulo Lins a passé son enfance dans une favela de Rio… Mais aussi l’affirmation (erronée, peu importe) d’une nomination aux Oscars, et vous avez un mélange étonnant et détonant : la preuve scientifique, le crédit des médias, l’autorité du témoin qui a vu et senti de l’intérieur, et la reconnaissance hollywoodienne. Peut-être finalement cette dernière caution était-elle vraiment de trop. Dans ce cas, il ne faudrait pas la regretter. Le résultat reste le même : pavé dans la mare, coup de poing, électrochoc, c’est comme si un certain Brésil prenait conscience de lui-même (force des romans !), tandis qu’un autre criait à la caricature et l’excès. L’adaptation cinématographique a eu des retombées un peu similaires. Tous deux font événements et controverses. À juste titre, car ils soulèvent de vraies questions, dans le même temps qu’ils méritent qu’on les questionne. On a beaucoup glosé un temps sur l’«effet de réel». Mais il ne faudrait pas oublier de parler un jour de l’“effet de fiction”. Cidade de Deus (titre devenu en français plus augustinien, estompant du coup le référentiel toponymique et son inactualisation brutale) a paru en 1997. Mais sa sortie en France en 2003, synchronisée avec celle du film, fait jouer une coïncidence intéressante : l’année de promotion de Paulo Lins et de Lula. Heureusement que tous les enfants de la favela ne connaissent pas le sort de Zé Rikiki et des autres. » (Info Brésil, n° 190, avril 2003)