Gros temps sur l’Archipel

Vasco Graça Moura dit à juste titre dans sa préface que Gros temps sur l’archipel est, avec Amour de perdition de Castelo Branco et Les Maia d’Eça de Queiroz un des trois chefs-d’œuvre absolus de la littérature romanesque portugaise.
Le roman se déroule de décembre 1917 à août 1919 aux Açores dont l’auteur est originaire. Les héros de l’histoire, João Garcia, 24 ans, et Margarida Dulmo, 17 ans, sont, comme Roméo et Juliette, les enfants de deux familles rivales dans l’île. Par sa mère, Margarida descend des Clark, une famille puissante venue jadis d’Angleterre et enrichie dans le commerce, et par son père, des Dulmo, dont un lointain ancêtre venu de Flandres a découvert une île de l’archipel.
Les affaires périclitant, le père de João, Januário Garcia, jadis humilié par les Clark dont il était l’employé, a juré leur perte. Margarida, amoureuse de João qui part sur le continent faire son service militaire, se désintéresse pourtant très vite de lui et lui signifie son congé. Car Margarida rêve d’un destin qui ne soit pas médiocre et pour cela, il faut partir, quitter cette société fermée qui vit au rythme des tempêtes, des intrigues et badinages de salon, des fêtes paysannes, de chasses au pigeon, d’expéditions de baleiniers, d’épidémies de peste, de promenades à cheval et de cérémonies religieuses. Elle pense un temps s’échapper avec son oncle, un bâtard de son grand-père maternel, vivant à Londres, avec qui se noue une amitié amoureuse mais, brutalement emporté par la peste, l’espoir s’éteint. Finalement, elle aussi se résigne à rester prisonnière de l’île où tout est question d’héritage et de négoce. Elle épouse le fils du baron d’Urzelino et sauve, par cette alliance, les affaires de son père.
Gros temps sur l’archipel est à la fois le portrait d’une jeune fille des Açores, une fresque magnifique et cruelle de la société insulaire qui ne connaît de la guerre qui se déroule en Europe que le départ de quelques pauvres hères qui quittent l’île pour s’engager, et un hymne vibrant à la beauté et à la gloire des neuf îles qui composent l’archipel.