Et enfin septembre vint…
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Et enfin septembre vint est une nouvelle inédite composée par Antonio Tabucchi en 2011. La mort en suspendit l’achèvement. Le récit d’une enquête ethnolinguistique aux confins du Portugal laisse deviner l’univers et les obsessions du grand écrivain : l’engagement politique, la réflexion sur la langue, la haine de l’indifférence. Tabucchi écrit sur les seuils de la parole, ou pour citer la postface de Martin Rueff : « Pour raconter, il faut parler, pour parler, il faut articuler, pour articuler, il faut des consonnes, pour crier, on peut s’en passer. À la différence du philosophe, l’écrivain sait donner place, dans son écriture même, à ces crises de l’articulation : le cri, le sanglot, la voix qui se brise. » Il est aussi riche d’une émotion et d’une tension urgentes.
« L’épisode qui inspira Antonio Tabucchi lui a été raconté par une amie, Helena Abreu, qui l’avait vécu personnellement alors qu’elle fréquentait la faculté de Lettres de Lisbonne et qu’elle participait aux “ excursions dialectales ”, organisées à la fin des années 60 par le grand professeur de linguistique portugaise Luís-Filipe Lindley Cintra, le professeur de cette nouvelle. Les faits dont il est question ont eu lieu à Trás-os-Montes, dans un village près de Chaves. »
À cette occasion, alors que le groupe dirigé par le professeur interviewait près de la sacristie une vieille femme (il semblerait que le professeur était embêté, car on leur avait présenté des vieilles édentées, ce qui pouvait interférer dans la prononciation véritable des termes choisis pour le test de linguistique), on commence à entendre des cris terribles dans le village — des cris de femmes désespérées, aigus, presque inhumains, un coeur de tragédie grecque, des cris qui marquaient comme du fer chauffé à blanc. Rapidement on sut que la cause était l’arrivée d’un télégramme annonçant le décès sur le terrain de guerre en en Afrique d’un jeune du village. Parmis les membres du groupe de Lisbonne certains restèrent comme pétrifiés, d’autres effondrés en larmes. Cela avait été une des expériences les plus fortes de leur vie. La vieille était la grand-mère du jeune homme mort et, malgré la nouvelle, elle continua d’ânnoner des mots au magnétophone.» Maria José de Lancastre