Roman. On peut préférer ces nouvelles. Sous le regard d’un chat et d’une actrice vieillissante, des destins éclatés, réunis dans un immeuble bourgeois de São Paulo, vivent à l’heure du Brésil des disparitions. « […] Lygia déclarait récemment : ”Je suis un écrivain qui cherche à dessiner la décadence de la bourgeoisie brésilienne”. L’heure nue est une excellente illustration de cette attitude devant l’écriture […]. Le roman se déroule à São Paulo, la métropole la plus sophistiquée du Brésil. Rosa Ambrosio est ou plutôt a été une grande actrice. Encore très belle à l’approche de la cinquantaine, elle cherche l’oubli de sa splendeur passée dans l’alcool et les aventures. Son mari Gregorio a déguisé son suicide en infarctus, son amant, le jeune et beau Diogo, vient de la quitter et sa fille nymphomane collectionne les vieux dépravés. Ananta, jeune psychanalyste d’apparence très sage que Rosa consulte à tout propos d’autant plus facilement qu’elle habite le même immeuble, disparaît mystérieusement après une réunion de militantes contre la torture (nous sommes dans les années 70). ¢ Seul être fidèle au milieu de ce chassé-croisé, le chat Rahul, un matou observateur, intelligent, avisé qui se prend parfois pour un homme – et qui l’a peut-être été dans une incarnation précédente. Témoin de la mort de Gregorio, son maître préféré, Rahul intervient constamment dans le déroulement de l’histoire pour mettre les choses au point, exposer ses vues, dissiper les mensonges et adorer Rosa en silence. Rosa qui attend, qui ne fait que cela tout au long du livre, qui espère le retour de son Diogo. Elle refuse de se plier, d’accepter les faits, son amant ne l’a pas abandonnée, il s’est simplement absenté, il va revenir. Elle interprète les moindres signes annonçant sa réapparition, un coup de téléphone, une phrase entendue, une lettre, un geste. En attendant, elle sombre dans l’alcool au point de devenir totalement dépendante de Dionisia, sa bonne, une mulata patiente, compréhensive qui se plie à ses caprices sans poser de questions. ¢ L’heure nue n’est pas de lecture facile, les retours en arrière, les raccourcis surgissent constamment au détour d’une phrase, en plein milieu d’une réflexion de Rahul ou de Rosa et le lecteur devra souvent feuilleter les pages précédentes pour retrouvernle fil parfois bien ténu du roman. Mais l’effort est payant. […] » R. Pardini.