À l’heure où se commémore un peu partout le cinquième centenaire de l’arrivée des Portugais sur les côtes du futur Brésil, en revanche, le front de l’histoire reste assez muet. Jean Soublin s’intéresse, en matière d’histoire, à celle de l’Amazonie. Mais dès les premières pages, il avertit : «Ceci n’est pas le livre d’un historien, mais le récit d’un romancier, fondé sur le travail des historiens.» Façon de se donner les coudées franches, «de savourer une anecdote, de flâner devant un paysage, et d’honorer quelques hommes qu’il admire.» La perspective embrasse néanmoins une large période, commençant à l’ère des bouleversements géologiques qui forment le bassin amazonien, s’achevant en 1980. L’auteur d’un roman ayant pour cadre le nord brésilien, Le Comité des risques, ou d’une fiction à vocation historique, Je suis l’empereur du Brésil, l’instigateur de la réédition de La Retraite de Laguna, de Taunay, croise à nouveau ses marottes : le vagabondage dans le passé, la projection imaginaire dans la peau de gens recons-truits, imaginés, du petit peuple de la Caba-nagem aux esclaves du caoutchouc.