« João Guimarães Rosa a opéré dans la littérature brésilienne, et dans la langue portugaise, une révolution qu’on a pu rapprocher de celle réalisée par Joyce, Céline…Or, si la coupure stylistique est du même ordre, chacune possède sa logique propre. Leur point commun est de faire fonctionner à plein la langue, le système de la langue dans laquelle ils s’expriment. D’oser jusqu’à la limite de ce qu’il permet, mais sans lui tourner le dos, sans le transgresser. De jouer de tous els recours du code linguistique, au niveau morpho-lexical par les dérivations, les composés, les mots-valise, au niveau syntaxique par les ruptures de construction, les ellipses, toutes les figures du déplacement et de la condensation. » « Le travail de l’auteur, de rupture et de création sur la langue portugaise, est particulièrement sensible dans cet ouvrage, dernier ouvrage paru du vivant de l’auteur. Dans ces 40 contes et 4 préfaces s’amorce de fait une radicalisation dont la disparition précoce de l’auteur en 1967 empêche de dire si elle aurait été expérience unique ou tournant irréversible. Les textes sont courts, de l’ordre de 3 ou 4 p., mais d’une lecture ardue à cause de la densité du style où le verbe se raréfie, où prolifèrent la parataxe, les appositions, à cause aussi de la multiplication des néologismes. […] Nous entrons dans la fable, l’« anecdote » métaphysique, de surcroît pleine d’allusions voilées, de traquenards de sens, de références mythologiques, qui exigent une véritable herméneutique pour en éclairer les multiples significations et résonances. […] Bref, Toutaméia n’est pas un livre à lire, c’est un livre à relire ». M. Riaudel.