« En argot “Pixote” désigne un débutant, un bleu. Le Pixote du roman du journaliste-écrivain José Louzeiro est un petit vagabond de Rio, âgé d’une dizaine d’années. Il vit de petits boulots de chapardages et dort dans les gares, sur les plages ou dans les cimetières. Au Brésil, ils sont des milliers comme lui, enfants, adolescents totalement marginaux, déchets de la société. Il n’ont aucun avenir et finiront comme truands en prison ou abattus par la police. C’est ce qui arrive à Pixote tiré comme un lapin dès le début du livre. En fait, l’auteur raconte l’histoire de Dito, l’ami de Pixote qu’il cherchera à venger. Âgé de 15 à 16 ans, Dito est déjà un vétéran qui vole, braque et tue. Il finira lui aussi tragiquement dans un hold-up. Mais ce qui est révoltant dans ce roman-document est le comportement de la police à l’égard de ces enfants dont certains n’ont pas plus de 8 ans [cf. sur ce sujet le livre de Dimenstein, Enfants perdus du Brésil].L’auteur a dû se forger des racunes en béton dans les milieux policiers : flics de tous grades, gardiens et même balances ne sont, sans exception, qu’un ramassis d’individus sadiques, lâches et débiles. On a peine à croire, trop c’est trop. Et pourtant Hector Babenco, le réalisateur de Pixote, film tiré du roman en 1979, avait choisi pour héros un vrai marginal d’une dizaine d’années, Fernando Ramos da Silva. Star d’un jour, Fernando n’a jamais vraiment réussi à s’intégrer et il a de nouveau basculé dans la délinquance. En 1987, il a été abattu par la police “alors qu’il braquait un passant” (version officielle). “Les policiers ont exécuté mon fils après l’avor traîné hors de chez moi”, affirment sa mère et un témoin. Feranndo avait alors 19 ans. Louzeiro a raison dans sa présentation : “Les faits sur lesquels est basé ce livre ont été tirés de la triste réalité quotidienne du Brésil” ». R. Pardini.