« Après le départ, la veille, de sa domestique, G. H. se retrouve seule dans l’appartement. La curiosité l’attire vers la chambre abandonnée par l’employée. En franchir le seuil est déjà une transgression qui inaugure une série de découvertes la menant finalement jusqu’à une sorte de communion extatique. Devant elle un lieu vide, humide et désertique à la fois, sommairement meublé, un dessin au charbon sur le mur, à la manière des peintures préhistoriques ou des fresques égyptiennes, représentant un homme et une femme nus, ainsi qu’un chien “plus nu qu’un chien”, une blatte sortant du fond d’une armoire elle aussi vide et noire… Tous ses préjugés en ressortiront ébranlés, comme en sera bouleversée la représentation qu’elle se faisait de l’univers de sa bonne. Mais le plus décisif se jouera dans la rencontre de l’insecte. ¢ Cette expérience est, dans l’histoire, en fait revécue à travers le récit que G. H. adresse à un interlocuteur muet. Toute la beauté de ce “monologue” réside précisément dans l’effort de la narratrice pour transmettre l’incommunicable : “viver não é relatável”. Elle nous mène progressivement, maladroitement, vers l’abîme pripitif des choses et des émotions, aussitôt récompensé par la révélation mystique et un état de plénitude, un sentiment de continuité et d’harmonie avec le monde : “Tudo está vivo e é feito do mesmo”. Et de cette seconde naissance, maintes interprétations s’offrent à nous. » Michel Riaudel