La spécialiste de Guimarães Rosa et d’Euclides da Cunha, la minutieuse maître d’œuvre d’éditions critiques de Grande Sertão ou de Os Sertões, surprend tout d’abord en se penchant ainsi à un champ si peu littéraire. Mais on comprend que c’est pour trouver un équilibre très réussi entre le divertissement, le recueil d’anecdotes, la légèreté du sujet, une approche très concrète, et la profondeur du regard retenant les éléments qui bien vite font sens et donnent une cohérence historique, politique à ce dont on parle. Divisé en trois parties, très pédagogiques, le livre traite successivement de l’histoire du carnaval de Rio et des écoles de samba; des origines possibles de la fête, allant de l’entrudo portugais aux fêtes africaines, en passant par les grands rituels monarchiques et impériaux du XIXe siècle; et enfin, plus spécifiquement, de la chanson de carnaval, samba-enredo, marchinha… Simplement, sans érudition gratuite et pontifiante, on apprécie mieux à travers une série de faits et de détails, le rôle du régime Vargas dans l’institutionnalisation des écoles, dans leur marche vers la respectabilité, dans l’intégration de la culture populaire et de l’expression «noire» auxquelles on attribue enfin une place mais pour peut-être mieux les circonscrire… On suit pas à pas les transformations, l’introduction des carnavalescos, la professionnalisation, l’arrivée de célébrités et des «Blancs» dans le cortège, le basculement vers l’industrie du spectacle, la dispute autour des droits de retransmission et de la gestion financière de la fête, les bicheiros, le sambodrome et la fin de l’ère romantique… Mais le mieux est encore de renvoyer à la lecture réjouissante et foisonnante de l’ouvrage (trad. Ariane Witkowski, éd. Chandeigne, 220 p.).