«Titre plutôt abstrait qui n’annonce guère le contenu de l’ouvrage. C’est d’un polar qu’il s’agit, et d’assez bonne cuvée. Et comme tous les sujets du genre, on taille dans le vif dès les premières pages: une femme frappe un soir à la porte de l’appartement où le héros vit seul à Copacabana et le supplie de la cacher pour la nuit, car elle est poursuivie et menacée de mort. Début de rencontre classique sauf que la femme n’est pas une pulpeuse blonde à la Chandler, mais un vrai boudin que le narrateur peu inspiré laisse sagement ronfler sur un divan. Le lendemain, elle est partie laissant un paquet qu’elle demande à son sauveur de garder. Il s’agit de diamants d’une valeur inestimable que plusieurs truands mystérieux se disputent. Il cherchent naturellement à éliminer le receleur malgré lui et le ballet commence. Comme l’auteur, le héros est scénariste et son récit est entrecoupé de projets de films, de souvenirs de tournages et de considérations sur l’art cinématographique parfois lassants par leur longueur. Toujours poursuivi, il quitte le Brésil, gagne l’Europe, Berlin (excellente description de Berlin-Est avant la chute du mur). Fonseca doit bien connaître cette ville ainsi que Paris où le narrateur fait escale. Vient se mêler une nébuleuse histoire de manuscrit secret qu’un dissident soviétique cherche à passer à l’Ouest et que le KGB voudrait bien récupérer. Et puis il y a le Carnaval de Rio, son ambiance, ses intrigues, ses tragédies dérisoires, ses conflits entre Ecoles de samba, le tout merveilleusement décrit. Le récit est pimenté de politique contemporaine, surtout de politique de l’Est que l’auteur semble suivre de près. L’aventure se termine (bien) dans une ville de l’Etat du Minas Gerais dont le nom est inventé, mais qui ne peut être que Diamantina. Fin un peu décevante, peu crédible, plutôt tirée par les cheveux surtout que pendant les trois quarts du récit nous avons été emportés par un suspense passablement embrouillé, certes, mais bien ficelé. On a l’impression que l’auteur était pressé d’en terminer et c’est dommage. Style concis, simple, direct, émaillé de nombreux dialogues que Fonseca domine avec un rare bonheur.» R. Pardini.