Histoire de Rio de Janeiro. Pour Armelle Enders à qui a été confié l’ouvrage, la première difficulté a dû être de se démarquer de l’histoire nationale, tant la capitale carioca, deux siècles durant aussi capitale du pays, se confond avec le Brésil. L’autre défi, supposons-nous, devait tenir au riche fond symbolique de la ville, à l’alliance de l’essentiel et du futile, du mythe exotique, enchanté et de la réalité, qu’on dit toujours plus «dure». Si Rio, plus que São Paulo ou Salvador, plus qu’aucune autre métrople brésilienne, et quelles que soient nos préférences personnelles, pouvait prétendre à entrer dans cette collection d’«Histoire des grandes villes du monde», c’est qu’elle en est une: par le passé, par le rayonnement, par le site, par l’aura qui l’entoure. Car Rio réunit à la fois le Corcovado, la forêt de Tijuca, le port négrier, ces mottes de beurre étonnantes, le Maracanã et le Sambódromo, une baie magique (bien malmenée) et la côte océane. C’est Machado de Assis, Lima Barreto, les Mémoires d’un sergent de milice et O Cortiço ; Chico Buarque, Tia Ciata et Paulinho da Viola…, Dom João VI et Oswaldo Cruz, et Mangueira, et le Catete, et Villegaignon, et Globo… En bonne historienne, Armelle Enders s’attache à la chronologie, mais au fil du temps n’oublie pas ces entrées — ou sorties, escapades —, ici une incursion dans la célèbre «rua do Ouvidor», là une aventure avec la bossa nova, nous donnant de quoi continuer à rêver, plus intelligemment (408 p.).