La foi du souvenir. Labyrinthes marranes

Un peu comme Freud voyait dans le rêve la voie royale d’accès à l’inconscient, le professeur au Collège de France croit sans doute à sa discipline comme à un moyen d’extraire les «empreintes» du silence et du secret. Après avoir tenté de ressusciter la «vision des vaincus» améridiens, il s’intéresse ici aux destins des Juifs convertis au catholicisme par la terreur étatique et inquisitoriale qui règna dans la péninsule ibérique au tournant des XVe et XVIe siècles. Que sont-ils devenus, marginaux ruinés, riches négriers, érudits… ? Que sont devenues leurs convictions, religieuses et autres ? Le scepticisme, né de leur conversion et de leur exil, serait, selon l’auteur un facteur majeur des mutations de l’Occident moderne. Mais Nathan Wachtel doit croire aussi que l’histoire n’en finit jamais, que les ancêtres ne meurent pas et sont même parfois d’éternels revenants, car il a cherché à détecter les traces présentes de ces familles de nouveaux-chrétiens. Or c’est en particulier au Brésil qu’il leur retrouve des héritiers, des descendants, mettant ainsi à jour la traduction de pratiques judaïques enfouies derrière les apparences qui sauvent. Magistral. (Info Brésil, n° 174, nov. 2001)