«Lisbonne sent la sardine en été et les marrons chauds en hiver, J'ai découvert ça en parcourant la ville dans tous les sens, en métro, en eléctrico, en autocarro, en comboio, à pied, tout seul ou accompagné…» Grâce à Luiz Ruffato (né en 1961), dont un quatrième roman paraît en français, les lecteurs qui ne connaissent pas la capitale . portugaise vont être initiés à ses mystères et à la langue qu'on y parle. En gros, les mots à retenir : l'eléctrico, c'est le fameux tramway aux flancs jaunes, le comboio, le train avec lequel les voyageurs se rendent à Estoril et Cascais — au Brésil on dit o trem. Parfait Brésilien, né d'un mélange de sang indien, lusitanien et africain, Sérgio de Souza Sampaio a quitté les paysages ruraux de son Minas Gerais natal, l'État de l'intérieur qu'aima tant Georges Bernanos, pour faire fortune en Europe. Au fil d'une confession drolatique, «Serginho » évoque son enfance, sa famille, son épouse devenue folle, le fils qu'il a laissé derrière lui, les déceptions de sa vie amoureuse, sa poursuite du bonheur, ses rêves de grandeur et les misères de son établissement au Portugal. D'un côté et de l'autre de l'Atlantique, cet «homme sans qualités» semble condamné à toujours faire de mauvais choix. Même son voeu d'arrêter de fumer, solennellement formulé en présence d'un médecin, n'a pas supporté l'épreuve du temps. A travers ce personnage déglingué et attachant, Luiz Ruffato se glisse avec délectation dans les replis de la mélancolie brésilienne.