C'est un beau texte, à lire à haute voix, pour ses amis ou les enfants, comme on le fait d'un conte ou des Histoires comme ça, de Kipling. Un de ces récits créolés où l'Afrique et l'Europe s'emmêlent et dont l'écrivain mozambicain Mia Couto a le secret. Le narrateur, un petit garçon, se souvient comment, un jour, la pluie d'arrêta de tomber. Sans que personne au village n'y puisse rien : "Les gouttes virevoltaient dans l'air, puis comme des oiseaux étourdis, remontaient." Malédiction divine ? Ou conséquence funeste des saletés déversées par l'usine géante, arrivée là, au bord du fleuve, en même temps que les Blancs ? Toutes les figures chères à l'auteur de l'Accordeur de silences se retrouvent ici magnifiées. Les femmes n'ont pas froid aux yeux. Quant au grand-père, c'est un (très) beau parleur : "J'ai inventé mais je n'ai pas menti (…). Chaque voyage est un fait semblant", enseigne-t-il à son petit-fils. Il y a des histoires dans l'histoire, mais on ne dévoilera pas la fin… A savourer.

 

Catherine Simon