Max de Carvalho donne une monumentale anthologie des chants d’un peuple, d’avant la découverte jusqu’aux contemporains.
Si la poésie brésilienne bénéficie en France d’une énorme réputation, celle-ci repose très largement sur une méconnaissance, voire un malentendu. On n’en connaît que quelques auteurs récents liés à la chanson, à la littérature de colportage (le «?cordel?» du Nordeste), et quelques grands noms, Oswald de Andrade, Carlos Drummond de Andrade, éventuellement Mario Quintana ou Moacyr Felix. Le reste, on l’imagine, à coups de clichés chargés d’exotisme et d’une vague connaissance de la prose latino-américaine, ou, au contraire, en la considérant, jusqu’au XIXe?siècle, comme l’ombre portée de la poésie du Portugal. La poésie brésilienne, pourtant, est aussi diverse que ce quasi-continent lusophone, et aussi ancienne que la présence européenne. Plus même, si on inclut les immémoriaux, chants et mythes des Indiens, recueillis au fil des siècles. C’est le choix de Max de Carvalho, qui a tracé dans le continent poétique des routes nouvelles, reliant les époques et les régions. Travail titanesque qui embrasse les œuvres de 130 auteurs, depuis les Amérindiens et les premiers jésuites jusqu’aux modernistes contemporains. On s’y plongera avec délectation, découvrant écoles, mouvements et fortes individualités des siècles passés, du romantisme à l’indigénisme et aux baroques de la Renaissance et de l’âge classique, et retrouvant avec plaisir les grandes voix d’aujourd’hui, prises dans des perspectives autres que la comparaison avec notre modernité européenne. Un ouvrage qui va vite devenir indispensable aux amoureux du Brésil comme de la poésie.