Le père Brass-Matte, « un vieux mataf, un matelot boucané de la meilleure espèce », raconte à des enfants le destin de Refanut, ce navire gigantesque à perte de vue construit sur les conseils d’un troll. Illustré, idéal pour les enfants et les amoureux de voyages en voilier. Par avidité et soif de richesse, Herr Pehr, riche armateur caressant le grandiose projet de « recouvrir d’or la montagne Aavasaksa tout entière (p.17) », fit venir un troll de Laponie pour le conseiller en la matière. Après sept ans de consultations auprès de tous ses pairs troll de Laponie, celui-ci lui indiqua à l’homme de construire le trois-mâts Refanut. Ses dimensions étaient si colossales « qu’il fallait vingt-quatre heures à un corbeau pour voler d’une pointe de mât à l’autre. Ces mâts étaient si hauts que lorsqu’on envoyait un mousse au sommet pour rattacher le hunier, il était devenu vieux lorsqu’il revenait en bas (pp.22-23), et qu’il fallait trois semaines à un homme à cheval pour communiquer à l’ensemble du navire toutes les directives pour une même manœuvre ! Or bâti dans le Golfe de Bothnie entre la Suède et la Finlande ( l’auteur est Finlandais de souche suédoise ), si Refanut parvient à passer les îles Åland sans encombre, le voilà coincé dans l’Öresund ! Cette exploitation de l’étroitesse du détroit entre la Suède et la Zélande danoise ( qu’enjambe désormais le pont-tunnel qui fait la fierté des Scandinaves ) n’est pas sans rappeler les passages épisodiques des sous-marins soviétiques, encore frais dans l’imaginaire nordique. Ce joli ouvrage au format carré, sur papier glacé en quadrichromie, comporte une trentaine de dessins aquarellés par Philippe Dumas, en sus de la carte (p.37) et du superbe diptyque à rabats figurant deux grands voiliers, avec le détail de leurs composantes et le vocabulaire indispensable d’architecture navale.

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