« En 1683 à Bahia, alors capitale du Brésil colonial, l‘alcade de la ville Francisco Teles de Menezes est assassiné par des conspirateurs. Le gouverneur Antônio de Sousa Menezes, surnommé “Bras d’argent” à cause d’une prothèse au bras droit perdu au cours d’un combat, ordonne une enquête. Il cherche surtout à se venger de la famille Ravasco, ennemie de Menezes et reponsable du crime. Des suspects sont arrêtés, torturés, des notables sont surveillés et persécutés. Bras d’Argent est haï par la population de la ville où il fait régner un climat de terreur. Deux hommes sont particulièrement visés. Le célèbre padre Antônio Vieira, de la famille Ravasco, homme intègre épris de justice et le poète Gregório de Matos, auteur de pamphlets contre le gouverneur et ses séides. Bras d’Argent veut à tout prix s’emparer d’eux pour les emprisonner, voire les exécuter. Il n’y parviendra pas et sera finalement démis de ses fonctions sur ordre du Roi. ¢ Tous ces personnages ont réellement existé et Ana Miranda a su avec bonheur rendre le climat particulier du Brésil à cette époque. […]. Gregório de Matos, c’est “Bouche d’Enfer”, surnom donné à cause de ses satires parfois extrêmement virulentes contre la société bahianaise, contre le pouvoir, et surtout contre Bras d’Argent qu’il ridiculise. Il est également l’auteur d’une œuvre poétique lyrique et religieuse qui concilie l’influence de la renaissance portugaise avec le baroque espagnol. Le style archaïque employé par l’auteur renforce le récit […]. Que le lecteur ne s’étonne pas de l’emploi répété d’expressions très crues. Le poète était semble-t-il un valeureux coureur de jupons avec une préférence marquée pour les femmes de couleur. On croit lire parfois quelques bonnes pages des mémoires de Casanova [… ] L’ouvrage fourmille également de détails sur la vie à Bahia au XVIIe siècle, et certains passages évoquent l’évolution économique du pays qui connaissait une crise de surproduction : on détruisait les plantations de cannes à sucre remplacées par celles du tabac. » Roger Pardini