«Au fil de son œuvre, R. Fonseca affine un peu plus son cynisme, servi par un style volontairement lâche, cru et toujours efficace. Ici c’est l’étrange suicide de Delfina Delamare, l’épouse d’un riche milliardaire, qui déclenche l’enquête. Parmi les suspects figure le principal narrateur, Gustavo Flávio, un homme aux aventures amoureuses multiples et aux emplois pas toujours recommandables dans le passé: autrefois espion pour une compagnie d’assurance, il s’est reconverti dans le «polar». La 4° de couverture nous promet sexe, violence, dérision et folie; ils sont en effet au centre du livre, dont le titre renvoie à l’expérience réalisée au XVIIIe siècle par un savant italien, Spallanzani, sur la sensibilité à la douleur d’un crapaud en train de copuler. Au-delà des allusions savantes ou littéraires à Flaubert (à cause du nom de son héros), à d’autres romanciers (les p. 208-209 en sont farcies) ou encore, comble de provocation, à lui-même, ce qui intrigue le plus est précisément cette persistance du sadisme et de la perversité. Pour compliquer le tout, l’auteur parsème son texte de jeux de miroir, dont le moindre n’est pas celui qui s’organise autour du personnage principal, placé là comme une mise en abyme de Fonseca lui-même [qui eut un rôle trouble dans les préludes du coup d’Etat de 1964]. On sent bien que la perche tendue peut aussi devenir un leurre pour un lecteur insuffisamment circonspect, auquel le réel échapperait quand il croirait en tenir le reflet. Quoi qu’il en soit la lecture irrite, mais retient par les jeux de piste incertains, cette personnalité impudique et fuyante qui contrôle le récit. Et l’un des mérites que l’on doit reconnaître à l’auteur est d’avoir élevé au carré le mystère labyrinthique du roman policier.» M. Riaudel.