Anne Carrière poursuit néanmoins la traduction de Paulo Coelho, avec cette fois un livre d’entretiens accordés au journaliste espagnol Juan Arias. La quatrième de couverture, en rappelant qu’Arias a déjà conversé avec Fernando Savater et José Saramago, cadre la personnalité brésilienne, entre philosophe et prix Nobel. Au fil des pages, les Conversations avec Paulo Coelho (257 p.) arborent un homme éclectique, qui a en fait tout vécu, tout traversé. Sa sagesse naît de cette multiplicité d’expériences, qui va nous dit-on de l’internement psychiatrique à la torture politique, de l’éducation jésuite aux rencontres mystiques, des drogues à l’eau de noix de coco. Paulo Coelho, à force d’avoir tant senti, connu, éprouvé, pour nous, comme par substitution, comme un Christ mort sur la Croix pour sauver les hommes, n’a pu que trouver la Voie. Le voilà désormais non pas guide ni gourou, mais plutôt catalysateur, absorbant les douleurs de l’humanité, avec un sourire et des yeux embués par le bonheur ou la souffrance. Ça, c’est la photo de couverture. Signifiant aussi un œcuménisme éclairé, la petite lumière floue brillant sur le côté gauche du crâne, tellement réconcilié, consensuel, apaisant, qu’on pourrait le croire conformiste. Un phénomène! vraiment, ce Paulo Coelho, qui n’a pas fini d’occuper le terrain puisque dans quelques mois sortira Veronika décide de mourir.