Les Editions Chandeigne rendent un superbe hommage à Satyajit ray, ainsi qu’à son père et à son grand-père : tous trois ont beeaucoup écrit à l’intention de enfants. Devenus des classiques au Bengale puis en Inde, leurs récits, également très appréciés dans les pays anglo-saxons, étaient restés inconnus en France.
D’Upendrakishore Roychowdhury (1863-1915), grand-père du metteur en scène du Salon de musique et de la trilogie d’Apu, on pourra lire Les Aventures de Goopy et Bagha: une histoire de roulements de tambours et de chants semblables à des rugissements, une histoire d’amis unis par une même passion et une solide complicité, une histoire de jungle profonde où les tigres déchirent leurs proies, une histoire de fantômes et de spectres aux pouvoirs magiques, une histoire de souverains cruels qui punissent de mort ceux qui les contrarient, une histoire de bandits qui enlèvent des filles de roi… C’est encore une histoire à surprises, une histoire drôle, et une histoire qui finit bien.
De Sukumar Ray (1887-1923), parfois appelé le Lewis Carroll indien, l’éditeur a retenu Ho-jo-bo-ro-lo, un conte tout en nonsense, dans lequel un mouchoir miaule, un corbeau défie les mathématiques, et une vieille chèvre grammairienne discourt sur le régime alimentaire de ses congénères…
Enfin, de Satyajit Ray (1921-1992), les lecteurs découvriront un récit de science-fiction, Professeur Shonku et sa prodigieuse créature, à la fois rêverie sur l’évolution de la vie et cauchemar d’un savant honnête qu’un fou dangereux piège et cherche à déposséder de ses découvertes.
Dans ses illustrations, Lydia Gaudin Chakrabarty donne une interprétation visuelle de chacun des récits. Tout en étant apparentées, mais loin de se ressembler, les images correspondent au style des trois histoires. A noter que, pour Les aventures de Goopy et Bagha, elle n’a pas hésité à faire référence à l’adaptation cinématographique de Satyajit Ray. Ce dernier a en effet porté à l’écran un film tiré du conte de son grand-père, un film que l’éditeur a eu l’excellente idée d’offrir à ses lecteurs, un autre chemin pour s’initier aux traditions indiennes.
Michel de Fourny